LE GOURG DE L’ANTRE
OU LA RANDO DES GOURANCES
Nous sommes ( seulement ) huit au départ, ce dimanche 2 juin, pour une rando inconnue à Cubières sur Cinobre ( c’est chez les gabatxes ) : six habitués accros ( presque cent randos cette année à ces six ), une exceptionnelle quoiqu’ancienne au club, la seule qui est venue parce que l’heure de départ était 9 h, et le guide, Gérard, le roi des randos découvertes, toujours à la pointe lorsque l’occasion de se tromper se présente…
Nous quittons les entrées maritimes de la plaine pour trouver un soleil éclatant en Fenouillèdes, franchissons sans encombre le défilé de Galamus pour atteindre un petit village que nous traversons sans y prêter attention ( première erreur de la journée ) pour nous arrêter à un parking équipé de tables de pique-nique… Il est 10 h 10, le trajet est moins long que prévu.
Nous démarrons doucement, par une piste à plat, que nous devons suivre sur 400 m avant de prendre un sentier peu visible à gauche ( c’est les instructions de l’Indep… ). Personne n’aperçoit la trace d’un sentier à 400 m, mais nous trouvons une large piste au bout de 600 m, que nous empruntons : voici une multitude de fleurs diverses, orchidées, glaïeuls sauvages, marguerites, et bien d’autres, des chants de coqs, puis de poules ( les œufs sont tout chauds ), puis de toutes sortes d’objets divers, notamment des jouets d’enfants… Mais pas un chat ni un humain dans les parages ; parce que cette large piste – assez inconfortable toutefois – s’arrête là, au sein de ce capharnaüm… Nous cherchons vainement un sentier, sans résultat, et nous rebroussons chemin unanimement.
Au bas de cette piste apparaît enfin un humain, masculin d’ailleurs, habitant local, qui nous renseigne sur la situation du sentier recherché, que nous trouvons enfin, bien placé aux 400 m indiqués, mais véritablement invisible à des yeux de randonneurs, même expérimentés… nous grimpons une prairie traversée de sentiers en tous sens, jusqu’à l’orée d’un bois où nous pénétrons, cette fois-ci sur un sentier bien marqué et même balisé : ce sera le leitmotiv de la journée : balisage aussi dense partout où le tracé est évident, qu’il est inexistant dans les endroits incertains…
Mais nous sommes récompensés par un chemin très agréable, ombragé, joli, légèrement descendant, jusqu’au lit d’un ruisseau lui aussi absent, mais que nous franchissons sans nous mouiller les pieds. Puis nous trouvons une piste que nous n’empruntons pas, et continuons sur un sentier descendant en forte pente ( il est même pourvu d’une corde ! ) jusqu’au fond du Gourg de l’Antre : il s’agit d’un vaste trou d’une profondeur de vingt mètres et d’un diamètre de trente mètres, aux parois très abruptes quoique non rocheuses, au fond duquel paraît dormir une belle eau bleu-vert limpide, un très bel endroit : il s’agit d’un site d’effondrement donnant sur le lit souterrain de ce qui sera plus loin le Verdouble, rivière ô combien intéressante par son cours très encaissé et la clue qu’il franchit sous la Caune de l’Arago, un peu avant Tautavel.
Comme nous sommes un peu capricieux, nous ne remontons pas par le même chemin, mais par l’autre côté du gourg, tout aussi pentu mais pas équipé de corde !!! pour nous retrouver néanmoins au même endroit, sur la route de Cucugnan, que nous suivons ( dans la direction de Cubières ) sur quelques hectomètres. Un peu trop d’ailleurs, et nous nous arrêtons vers le col d’en Guillem, conscients d’avoir manqué de nouveau la piste DFCI 5a requise par l’Indep… Après longue hésitation, demi-tour, et nous trouvons finalement cette piste, qui n’est identifiée que cent mètres après sa jonction avec la route départementale… Jamais deux sans trois, entend-on… Alors, nous nous appliquons à la plus expresse vigilance, à la recherche d’un dolmen cette fois-ci. Mais cette piste grimpe avec application et constance sur plus d’un kilomètre pour 140 m de dénivelé, il est midi et demie, le soleil, un peu atténué par les frondaisons, se fait sentir : nous décidons de nous arrêter pour manger au sommet de la montée, où nous arrivons à 13 h juste. Espace repas correct, ombragé, de quoi s’asseoir, de quoi – tout juste - se positionner pour la sieste…
Nous repartons un peu après 14 h, ça descend. Nous devons trouver un chemin peu apparent à droite, en épingle… Huit paires d’yeux appliqués scrutent le bord du chemin, on mesure la distance, et nous trouvons une vague trace dans les ronces et les branchages… Et, ô surprise, des marques de balisage !!! extraordinaire, nous ne nous sommes pas trompés ! Et ainsi, après une nouvelle montée, et un parcours encombré de fils arachnéens auxquels sont suspendues des chenilles ( des pyrales du buis ), nous trouvons ce dolmen, effondré du côté de son entrée, mais arborant une dalle de pierre fort conséquente.
Après les photos d’usage, nous repartons, en direction d’un abri troglodyte, sur un sentier bien net et balisé, descendant, pentu, encore plus encombré de pyrales, qui nous amène à un bord de falaise spectaculaire, un beau panorama… qui nous révèle certainement que nous n’allons pas trouver ici d’abri troglodyte… Incroyable, nous nous sommes encore trompés !!! Pas de doute, il faut remonter ( le moral aussi ! ). Ainsi, peu avant le dolmen, nous apparaît en pleine figure ( non pas de nouveau des pyrales ) un écriteau bien net marqué « troglodyte » que nous n’avons pas vu en descendant… Il faut dire que cet écriteau est placé à contresens, alors que l’attention est attirée en cet endroit par deux écriteaux opposés, l’un marqué dolmen, l’autre Cubières… Et que ces satanées pyrales nous ont peut-être aussi un peu distraits.
Mais ce sentier, de nouveau bien balisé, nous conduit au pied d’une falaise inattendue, où se trouve effectivement un assez vaste abri, constitué par la fermeture en pierre sèche d’une balme au pied de la falaise.
Nouvelle interrogation pour reparti de là : l’Indep indique qu’il faut partir vers l’Est, en tenant le ruisseau sur la droite, ce qui est contradictoire… Nous ne trouvons pas de sentier côté Est, la route à atteindre est de l’autre côté : nous partons donc vers l’Ouest… et nous trouvons un nouveau balisage pour rejoindre la petite route qui mène aux Baillessats et à Bouchard. Nous prenons cette route en direction de Cubières, et nous la quittons peu après pour rejoindre le village plus directement par un chemin sans problème.
Nous arrivons au centre du village, où se trouve une pancarte « église IX° siècle » qui détourne les plus curieux, bientôt suivis par les autres : nous découvrons une église tout-à-fait particulière, de forme triangulaire, orientée au nord, de style indéfinissable, avec des voûtes en croisée d’ogives mais aucune ouverture de style gothique, et une chapelle rappelant le style roman. Nous trouvons enfin des explications ( très détaillées mais un peu longues à lire ) qui indiquent que l’église d’origine ( abbatiale d’époque carolingienne ), dont subsistent les piliers dans l’église actuelle, était beaucoup plus grande, orientée vers l’Est ( la chapelle qui reste était une absidiole de cette église originelle ), qui a été « coupée » et réorientée pour aboutir à l’édifice actuel.
Les derniers mètres de notre rando nous permettent encore de découvrir que ce village possède aussi un château, visitable, avec un jardin botanique…
Belle conclusion de cette belle journée très riche de découvertes et de péripéties, avec cette rando jugée trop courte pour être si loin, qui s’est révélée très intéressante et enrichissante, les pyrales s’étant invitées de façon intempestive et fort désagréable ( certains en avaient encore sur eux dans les voitures ! ). Mais nous avons évité les chenilles processionnaires…
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