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UNE JOURNEE DE REVES
Ne vous y trompez pas : ce n'est pas une journée de rêve, où tout était parfait, mais une journée où nous croyions rêver à chaque instant, mais les rêves n'étaient pas tous heureux ; pas vraiment de cauchemars, quoique...
Tout ça commence en fait le samedi 27 juillet : après une longue période de canicule, le ciel nous tombe sur la tête : il pleut assidûment, voire un peu plus, la journée durant ; sur la route du Capcir, forte pluie ininterrompue depuis Marquixanes, route couverte d'eau même dans les fortes pentes, pour finir par de la grêle en tas le long de la route au niveau des Angles... Ce n'est pas un préalable rêvé... Ca dure jusqu'à 23 h...
Le dimanche matin, soleil radieux, pas un nuage ! Le rêve ! Tout le monde est à l'heure, nous sommes cinq ( un trentième du club... ) à 8 h, pour attaquer ( en voiture ) le col de Creu puis le col de Sansa par une piste peu confortable. Mais à 8 h et demie, nous sommes chaussés et nous partons : la température est de 4° !!! le 28 juillet !!! Bien sûr, nous avons des polaires et des k-ways, mais pas un n'a de gants ni de bonnet...
Mais en vérité, il fait un temps de rêve : ensoleillé et frais, on n'imaginait pas ça la semaine dernière ! Nous partons donc, d'abord sur une piste peu pentue, puis sur un sentier très agréable, en pente douce dans un environnement très joli, boisé clairsemé de pins, semé de petits ruisseaux bien alimentés par les pluies d'hier, la Coume de Ponteils. Nous passons près de la cabane du Pla de Gril et continuons à nous élever dans la vallée, avalons un petit casse-croûte, le rêve...
Mais vers 2000 m, ce beau sentier s'attaque à une pente orientée à l'ouest et annonce un mauvais rêve : la Tramontane s'invite à notre rando. Et quelle tramontane !rafales probablement au-dessus de 80 km/h, sans doute aux environs de 5° !!! Peu à peu, chacun son tour, nous enfilons les k-ways, Monique attendant, hélas,le dernier moment, peu avant la Font de la Perdrix... Mains gelées, muscles trop refroidis, ça n'avance plus, ce qui, bien sûr, ne réchauffe pas : mauvais rêve, cette fois, d'autant que ce froid n'incite pas les autres à s'arrêter...
Nous atteignons tout de même la crête, à plus de 2300 m, superbe vue sur le lac de Nohèdes, vert très foncé, 300 m plus bas, dont nous ne profitons guère sous cette tramontane assidue. Nous atteignons néanmoins le Roc Nègre et une crête plus acérée qui fait craindre les effets des rafales. Nous sommes à 2460 m, nous voyons le sommet à quelques centaines de mètres, l'objectif peut être considéré comme atteint ; il est midi et quart, nous trouvons un endroit abrité,nous pouvons manger ici et voir après... Mais la rando prévue est en boucle, et pour atteindre le sommet, il faut franchir un « passage difficile » dont nous ne connaissons pas la teneur : il faut aller voir... Ca ne se présente pas bien : le lieu est vertigineux, le terrain glissant, il faut descendre dans des rochers puis remonter Dieu sait comment, François se dit « peu enthousiaste » mais, se sentant bien entouré, attaque le passage ( un peu d'escalade plutôt facile ), précédé de Laurent et suivi de Gérard, les deux filles fermant la marche. O surprise, la tramontane n'aime pas ces rochers et s'abstient juste le temps de les franchir : le rêve...
Mais elle nous attend de pied ferme juste après et nous accompagne violemment jusqu'au sommet, que nous caressons le temps d'une photo et d'admirer ( très brièvement ) l'exceptionnel panorama qu'offre le Madres, à360° et pas un de moins, mer, montagne, vallées, sommets, cols, lacs, Roussillon, Conflent, Cerdagne, Capcir, Aude, Ariège, tout y est, comme si nous étions au-dessus d'une carte...
La faim se fait sentir, mais il faut absolument trouver un endroit abrité, ce qui est rare dans les parages circonvoisins... Nous descendons donc versant nord, jusqu'à rencontrer une accalmie. Tout en mangeant avec appétit, on se refroidit, on ajoute une polaire, on mange le chocolat traditionnel et on boit le café de Laurent, le thé d'Isabelle, et même la liqueur de couscouils... Mais la sieste s'avère impossible. La remise en train est très difficile : Monique ne s'est pas encore réchauffée, François s'est refroidi et son dos renâcle, nous repartons donc très lentement : heureusement, au début, ça descend peu et le sentier est bon.
La pente s'accentue ensuite lorsqu'on passe sur le versant est, où la tramontane est moins vive : peu à peu, les doigts engourdis se libèrent, les muscles se réchauffent. Longue descente plutôt pentue à la recherche du chemin qui nous ramènera vers le sud : il arrive enfin, sous la forme d'une large piste qui se sépare du balisage, herbeuse et sans pente,très appréciée. Et le retour, assez long et un peu fastidieux ( mais néanmoins bien agréable après ces efforts ), se fait sous un soleil de plus en plus chaud et la tramontane éteinte, si bien que peu à peu, nous sommes tous les cinq en tee-shirt... On croit rêver. L'extrême contraste de températures ( nous avons fait l'observation, au cours du repas, que nous avons souvent fait des randos moins froides en plein hiver, et que la seule qui laisse un souvenir de froid aussi intense est celle des gorges du Cady, qui n'était certes pas en juillet ).